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Publié par Esprit Nature

Certains champignons ont une action antibiotique (staphylocoque) hypocholestérolémiante, antibactérienne, antivirale, analgésiques, luttent contre l'arthrite, l'hypertension artérielle et ont une action anti-rejet pouvant être utiles après les greffes d'organes. Ils peuvent renforcer le système immunitaire et être utilisés comme expectorant ainsi que lors du cancer des poumons.


Les champignons : du passé à l’avenir


Certains champignons ont une action antibiotique (staphylocoque) hypocholestérolémiante, antibactérienne, antivirale, analgésiques, luttent contre l'arthrite, l'hypertension artérielle et ont une action anti-rejet pouvant être utiles après les greffes d'organes. Ils peuvent renforcer le système immunitaire et être utilisés comme expectorant ainsi que lors du cancer des poumons.

Les origines de la connaissance du danger auquel expose la consommation des champignons se perdent dans la nuit des temps. Les Anciens n'arrivaient pas à établir de distinctions vraiment valables entre les espèces innocentes et les espèces nocives. Ce qui leur faisaient croire que cette différence tenait plus aux conditions externes de la formation des champignons ramassés et consommés qu'à leur spécificité botanique. Sans doute était-ce la raison principale du dédain que les médecins antiques affichaient pour cet aliment en général.

Selon Athénée, «les champignons viennent produits par la terre et il n'y en a de comestibles qu'un petit nombre: car la plupart empoisonnent par étouffement». Dioscoride, célèbre homme de l'art du 1er siècle dit : «on distingue deux sortes de champignons: ils sont soit comestibles, soit destructifs... De ceux qui ne sont pas mauvais, on fait une soupe exquise; mais même eux consommés en abondance, sont nuisibles, car ils sont indigestes et provoquent l'étouffement ou une affection cholérique».

D’ailleurs, ils leurs ont donnés des noms terrifiants : Tête de méduse (Armillaria mellea), Bolet de Satan ou Bolet diabolique (Boletus satanas), Trompette des morts (Craterellus cornucopioïdes), Oeuf du diable ou satyre puant (Ityphallus impudicus), Anges de la mort (Amanita verna et Amanita virosa), Agaric meurtrier (Lactarius torminosus). Ces divers noms, ont contribué à donner aux champignons une mauvaise réputation. Cette mauvaise réputation, c'est perpétué au cours des siècles. Au Moyen-Âge, on traitait les champignons de «Gnomes Sulfureux».

Mieux valait donc pécher par un excès de prudence que par une prise de position trop téméraire. Ainsi fut donc condamné l'usage alimentaire de la grande majorité des champignons. Considérés comme " manifestations du mal", associés au diable et à la sorcellerie; ils seront mis à l'index jusqu'à la fin du 19ème siècle.

L'utilisation thérapeutique, y a perdu une expérience empirique dont la médecine s'est sûrement privée. Beaucoup de moisissures et un certain nombre des champignons charnus des bois et des prés produisent des petites quantités de poisons. Or, qui dit poison, dit médicament. Il est donc évident que les champignons possèdent une action curative!

 


Les champignons microscopiques : ces micro organismes qui changent notre histoire ...

Leurs extraordinaires propriétés ne nous sont révélées qu’au 19ème siècle. Ce n’est qu’à cette époque que l’on découvre qu’un champignon, parasite du seigle, était responsable d'épidémies. Le « mal des ardents » et le « feu de St Antoine » responsables de milliers de morts au Moyen-âge, étaient causés par un petit champignon : l’ergot de seigle (Claviceps purpurea).

Puis, on s’aperçoit du rôle que joue les levures dans notre alimentation. Les levures du genre Saccharomyces constituent une des grandes richesses de la nature. Lorsqu'elles dégradent certains sucres, elles libèrent du gaz carbonique qui fait lever le pain. Ce processus, appelé la fermentation, donne au pain sa texture et son goût. Ajoutez à un liquide sucré, la levure fait fermenter les sucres pour produire du vin, de la bière ou du cidre.

Le saké japonais est fabriqué en faisant fermenter le riz à l'aide d'une levure et d'une moisissure. Contrairement au jus de raisin, qui contient des sucres, le riz contient de l'amidon. Il faut donc ajouter un champignon, l’Aspergillus oryza qui décompose d’abord l'amidon en glucose.

Le goût de beaucoup d'aliments provient de l'action des moisissures. Les fromages, comoisissures. On se sert aussi de moisissures dans mme le Roquefort et le Bleu de Danemark, sont affinés à l'aide de la fabrication de la sauce soya, du miso et de divers autres mets asiatiques.

Dès le 19e siècle, certains observateurs avaient remarqué le pouvoir antagoniste de diverses moisissures vis-à-vis des bactéries. Mais ce n'est qu'en 1927 qu'un bactériologiste anglais, A. Flemming, constate la destruction d'une colonie de staphylocoques, contaminée par un pénicillium. Après un avènement scientifique difficile, la pénicilline, fait dès la dernière guerre mondiale, une percée décisive. Ses premières applications en thérapeutique humaine sont si spectaculaires que désormais le milieu médical est conquis. Rapidement, d’autres antibiotiques comme la streptomycine, la tétracycline, le chloramphénicol sont découverts et appliqués avec succès. L’antibiothérapie est née !

En quelques décennies, la vente sur le marché pharmaceutique de ces « molécules panacées » arrive en première place dans tous les pays ayant un niveau socio-culturel élevé. Jusqu’aux années 80, les antibiotiques sont les molécules « reines » de la thérapeutique. Cependant on commence à s’apercevoir que la consommation abusive des antibiotiques contribue à en limiter l’efficacité en induisant des résistances microbiennes.

En 1945, 80 % des staphylocoques étaient sensibles à la pénicilline, aujourd’hui, moins de 20 % y sont sensibles.
C’est aussi vers cette époque que l’on constate que les antibiotiques peuvent générer des allergies.


Aujourd'hui le monde des champignons intéresse toujours la recherche. Ces végétaux hors du commun, contiennent de nombreuses substances qui possèdent de multiples propriétés (anticancéreuse, hypocholestérolémiante, antibactérienne, antivirale…). 

Certains champignons charnus sont utilisés depuis longtemps dans la médecine traditionnelle chinoise comme analgésiques et aussi pour soulager l'arthrite ou pour combattre l'hypertension artérielle et certains cancers. Plusieurs chercheurs pensent que certains champignons pourraient avoir des effets anti-rejet pouvant être utiles après les greffes d'organes.

Le champignon shii-take (Lentinus edodes) contient plusieurs composants qui renforcent le système immunitaire. Le polypore Ganoderma lucidium, qui en médecine chinoise traditionnelle est prescrit pour réduire «l’humidité», est employé comme expectorant et pour traiter le cancer des poumons. Il est depuis quelques années exploité par certains laboratoires pharmaceutiques pour ses propriétés anticancéreuses et antivirales.


Selon John Wilkinson, de l'Université du Middlesex, en Angleterre, les champignons sont particulièrement intéressants contre les virus parce qu'ils contiennent non pas une, mais plusieurs substances antivirales à la fois. Un seul traitement aux champignons permettrait donc de combattre plusieurs souches de virus à la fois à l'aide d'un véritable bombardement de molécules variées.

Si leurs propriétés sont confirmées, les champignons ont un bel avenir thérapeutique et combleront un trou important dans la médecine moderne, qui dispose toujours de très peu d'outils efficaces contre les virus. 

 

Alain TESSIER

Ethnobotaniste

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